La matière terrestre comme milieu dynamique
Thématique iconographique
Dès les premiers versets de la Bible (Gn 6-10 et 14-19), la matière primordiale du monde est organisée en quatre éléments : Dieu crée le firmament, le ciel (air) ainsi que les eaux qui, une fois séparées en eaux du ciel et mers (eau), font émerger la terre (terre) qui est éclairée par les astres qui commandent le jour et la nuit (feu). Même si le récit de la Genèse ne propose pas stricto sensu une liste de ces quatre éléments, c’est bien ainsi qu’ils sont figurés dans l’imaginaire scientifique et artistique des médiévaux, en écho à la théorie d’origine présocratique des quatre éléments. Présents en proportions variées dans l’ensemble des créatures, ces quatre éléments primordiaux possèdent des propriétés de température, de fluidité et de densité et ils agissent les uns sur les autres. Leur domination respective explique les cycles du temps ainsi que la géographie terrestre (La matière des saisons). Dans une épistémè aussi anthropocentrée que l’est la culture chrétienne médiévale, le corps humain est le paradigme et, en quelque sorte, la finalité intellective de ce grand ordonnancement macrocosmique des matériaux. Il permet d’en saisir le modèle dynamique en ce qu’il est considéré comme un miroir microcosmique (Corps comme microcosme). Plus avant, si l’être humain est capable de percevoir et d’évaluer ces matériaux élémentaires dans le monde qui l’entoure, c’est parce que ses organes et ses récepteurs sensoriels sont composés des mêmes matériaux que ceux qui régissent la dynamique cosmique. Le corps humain y puise sa propre énergie et, loin d’être déprécié, s’il est placé sous le juste contrôle de l’âme, il est aussi un acteur du chemin vers la connaissance divine et le Salut (Le corps sensitif).