Amour divin
Thématique iconographique
L’amour chrétien naît de Dieu et a été offert en partage à l’humanité comme un moyen de se tenir en lui : « Dieu est amour, et qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui » (I Jn, IV, 16). Dans le De Trinitate, l’un des traités fondamentaux de la culture chrétienne médiévale, saint Augustin pose une triangulation qui permet de comprendre l’amour comme un processus, puisqu’aimer, répète-t-il, engage l’aimant, l’aimé et l’amour (De Trinitate, VIII, 10). Le paradigme de ce lien est une image fonctionnelle du mystère trinitaire : « Voilà pourquoi il n’y a rien en Dieu de plus que trois : l’un aimant celui qui est de lui ; l’autre aimant celui de qui il est, et leur amour même » (De Trinitate, VI, 5). Ce modèle unificateur est appliqué au fonctionnement de l’âme : l’âme, la connaissance que l’âme a d’elle-même et sa capacité à s’aimer sont organisées sur le modèle trinitaire (De Trinitate, IX, 3-5). Plus largement, il définit tout élan qui lie les humains entre eux (De Trinitate, VIII, 7-8) (Amour dans la Trinité).
La Création est le fruit de l’entrelacement de l’amour de Dieu au sein de la Trinité. Quand bien même le mot amour n’apparaît pas dans la Genèse, ce principe d’une infinie puissance est corroboré par sa bonté, qui se manifeste d’abord par le don de la vie, et se réitère dans l’injonction donnée de faire fructifier cette vie et d’être lié par l’amour [Amour dans la Création].
En engageant un dialogue d’amour qu’il veut réciproque, Dieu répand l’amour lui-même. Mais au don qu’il fait, Adam et Ève répondent par la désobéissance à sa Loi, le Péché originel. L’Incarnation du Christ et son sacrifice sont une nouvelle manifestation de la bonté divine, d’une autre nature que celle qui a présidé à la Création. Par sa miséricorde, un amour divin qui s’applique cette fois au pardon des péchés, il « recrée » un monde qui n’est plus placé sous la Loi ancienne, sous la Loi du Christ, une Loi de vie : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3,16). Ce don divin ultime et sans contrepartie qui rétablit les liens d’amour entre Dieu et les hommes est la grâce (Grâce).