Corruption

Motif iconographique

À la différence du gisant, qui représente le défunt dans un corps de gloire, le transi est une représentation du cadavre, du corps de chair privé de son âme, desséché ou attaqué par la vermine. Apparu au début du XIVe siècle, ce type d'ornement funéraire montre avec éloquence le destin du corps mortel : c'est une enveloppe matérielle qui n'a été, durant l'existence de l'homme, qu'une enveloppe transitoire, soumise au changement et aux effets du temps. Une fois inanimée, cette matière est elle-même soumise à la corruption et à la dégradation car elle est soumise à son état ontologique de chair périssable et perd toute ressemblance au divin.

Ce transi faisait partie à l'origine d'un ensemble composite, comme cela était d’usage, qui signifie par sa double configuration : il opposait le transi (en partie basse) au gisant (en partie haute). La tradition de double représentation du défunt souligne le lien persistant entre la chair décomposée que renferme le tombeau, et l’effigie de la personne. La chair est paradoxalement cette substance qui sera restaurée au moment de la résurrection des morts, et sa présence insiste sur le lien qu’elle continue à posséder avec l’âme après la mort ; quant à l’image du gisant, elle est la forme du corps individualisant le défunt, dont l’intégrité persiste dans la mémoire monumentale et les prières des vivants, et qui sera elle aussi restaurée telle quelle après le Jugement dernier (voir Mort comme rupture et transition).

 


Rédaction

Marion Loiseau / Direction scientifique Sébastien Biay, Isabelle Marchesin


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Marion Loiseau / Direction scientifique Sébastien Biay, Isabelle Marchesin, « Corruption » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 21 novembre 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/862