Corps périssable
Motif iconographique
À la différence du gisant, qui représente le défunt dans un corps de gloire, le transi est une représentation du cadavre livré en pâture à la vermine. Apparu au début du XIVe siècle, ce type d'ornement funéraire montre avec éloquence le destin du corps mortel : c'est une enveloppe matérielle destinée à revenir à la poussière d'où elle est issue et qui n'a été, durant l'existence de l'homme, qu'une enveloppe transitoire, soumise au changement et aux effets du temps.
Ce transi était accompagné de quatre têtes à différents stades de décomposition et arborant des attributs ecclésiastiques qui permettaient d'identifier notamment un évêque et un pape ; elles sont attestées par un dessin de la fin du XVIIe siècle. Ces figures accompagnent le phylactère s'échappant de la bouche du mort : « Qui que tu sois, tu seras terrassé par la mort. Reste là, prends garde, pleure. Je suis ce que tu seras, un tas de cendre. Implore, prie pour moi ». Le trépas et la corruption finale sont montrés comme étant universels. Le mort s'adresse aux vivants pour les mettre en garde, ce qui rapproche le transi des sujets tels que les Trois Morts et les Trois Vifs.
Ce transi faisait partie à l'origine d'un ensemble composite traditionnel, opposant le transi (en partie basse) au gisant (en partie haute). La double représentation du défunt souligne le lien persistant entre l’image de la personne (ce qu'elle est en substance), dont l’intégrité persiste dans la mémoire monumentale et les prières des vivants, et la chair décomposée que renferme le tombeau : le corps matériel, qui se dégrade tout en conservant son essence. C'est à cette chair que l'âme sera réunie au moment de la Résurrection, et c'est aussi à elle que l'âme continue d'être attachée après la mort (voir Mort comme rupture et transition).