Mal comme providence
Thématique iconographique
Il existe une ambivalence dans la lecture du mal au Moyen Âge. Le châtiment divin est une souffrance perçue par les hommes comme un mal. Dans les images médiévales, il reprend les mêmes procédés visuels que le mal en soi. Mais la souffrance infligée ou tolérée par Dieu est un moyen par lequel il peut contraindre l’homme à agir selon sa volonté.
En effet, la peine lue comme un mal existe depuis la chute d’Adam et Ève. Le péché originel est suivi d’un châtiment qui se traduit par la rupture du lien avec Dieu. Or, la privation de la présence de Dieu est un mal pour l’homme. Néanmoins, si l’action divine peut être perçue ou ressentie comme un mal, elle poursuit toujours un objectif bénéfique. Le châtiment permet de réparer le péché et de rétablir le lien entre l’homme et Dieu par la pénitence. Il est à la fois un signe et une conséquence du mal, et offre à l’homme la possibilité de se racheter. Le Christ lui-même a souffert pour le rachat de l’humanité.
Le châtiment peut aussi servir à éprouver la foi de l’homme, comme dans le cas de Job, ou à punir les dérives des hommes ou les ennemis de la chrétienté, en faisant s’abattre des cataclysmes sur terre, tels le Déluge ou les Plaies d’Égypte. Quand Dieu laisse agir le mal pour punir les hommes, il s’agit d’une justice divine.
Quand le lien entre l’homme et Dieu ne peut pas être rétabli, l’homme est éternellement damné et son âme est conduite en enfer, lieu d’exercice du mal par excellence. Dans cet endroit clos, les âmes sont hors de portée de la présence divine, et condamnées à des châtiments perpétuels.