Le signe iconique – la sainte face

Motif iconographique

Un signe est radicalement iconique lorsqu’il se confond avec ce qu’il représente. En l’espèce, à côté des images acheiropoïètes (voir Image acheiropoïète) et autres Volto Santo de Lucques, un portrait du Christ mort qui aurait été exécuté par un ange, le Moyen Âge connaît des légendes qui répondent au désir de connaître l’apparence physique du Christ. La plus célèbre est celle de la Sainte Face, ou Mandylion. Elle concerne le roi Abgar qui, en Mésopotamie, aurait reçu un tissu où se serait miraculeusement imprimée la face du Christ de son vivant. Cette légende circule, avec beaucoup de variantes, dans les premiers siècles du christianisme en Orient ; on a des attestations de la présence de la relique à Constantinople au Xe siècle ; elle est volée pendant le sac de Constantinople en 1204, disparaît puis est retrouvée dans le trésor de la Sainte Chapelle avant de disparaît à nouveau pendant la Révolution.

Le Mandylion présente le cas limite, non pas d’une imitation, mais d’une empreinte de la face christique, ce qui produit un degré d’iconicité encore supérieur à celui que posséderait un portait. Cette qualité renforce son fonctionnement sémiotique au sein des peintures : par son implantation et sa nature, le voile figurant le visage génère la présence par défaut du corps absent du Christ dans le fond bleu du folio 85, un « lieu » du corps absent du Christ dans duquel le roi en prière vient s’inscrire, au folio 87v.


Rédaction

Isabelle Marchesin / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Isabelle Marchesin / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « Le signe iconique – la sainte face » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 21 novembre 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/1178