Intermédiaire vétérotestamentaire
Motif iconographique
Dans la Bible, David n’est pas présenté seulement comme un roi d’Israël : dans le prologue de l’évangile de Matthieu, il est décrit comme l’ancêtre direct du Christ (Mt 1, 6). La tradition chrétienne en a fait une préfiguration du Christ et cela est tout à fait visible sur cette sculpture.
Musicien et danseur, David est aussi considéré comme l’auteur et le compositeur des psaumes. C’est pourquoi il est ici représenté avec sa harpe. Cependant, il n’est pas en train d’en jouer, mais de l’accorder, comme l’indique la clé qu’il tient dans sa main droite. Le pouce et l’index de la main gauche du roi pincent la première et la deuxième corde de l’instrument tandis que sa paume repose sur le plat de cordes. En accordant la harpe, David met en place l’harmonie interne à l’instrument. Ici, contrairement à ce qu’on peut voir dans d’autres représentations du psalmiste, la harpe prend la place habituelle du livre ou du rouleau dans les mains du roi (voir Combat spirituel dans Salut). D’ordinaire, le livre ou le rouleau explicitent le rôle de David – auteur des psaumes, parole divine – comme annonciateur de la venue du Christ. Ici, par un effet de remplacement visuel, la harpe signifie également le Verbe dans une de ses fonctions fondamentales : celle d’organiser harmonieusement, c’est-à-dire suivant l’ordre voulu par Dieu, le monde et l’Église [voir Verbe].
La jambe droite du roi est dénudée, rappelant qu’il a dansé nu devant Dieu par humilité (2 S 6, 16-17). Son pied droit attire le regard sur le siège où il est assis. Il s’agit d’une curule, siège symbole de pouvoir à l’époque antique qui atteste ici du statut royal de David. Le trône, tout comme le pied gauche, écrasent une bête monstrueuse qui évoque le désordre du mal : le roi est bien celui qui rétablit l’harmonie et l’ordre perdus dans le monde grâce au pouvoir qui lui est concédé. C’est à cause de cette faculté reconnue à David de réordonner le monde par l’action du Verbe que les chrétiens médiévaux ont reconnu en lui le personnage de l’Ancien Testament le plus proche du Christ.