Les luminaires signes de l'action divine

Motif iconographique

La Fête-Dieu fut officiellement instaurée par le pape Urbain IV en 1264. Elle est destinée à célébrer la présence réelle du Christ dans le sacrement de l’Eucharistie. C’est précisément à cette fonction que s’attache l’image. Elle montre un prêtre devant un autel qui tient une patène (le calice est posé sur l’autel) et tend une hostie à un laïque en prière, agenouillé devant lui. Dans le dos du prêtre, rappelant les couleurs de sa chasuble, jaune et orange vif, un grand cierge est tenu par un diacre ou un acolyte tonsuré.

Le droit canon a défini les usages des luminaires dans la liturgie depuis le IVe siècle. L’huile des lampes ainsi que les cierges et chandelles furent différenciées des autres sources de lumière utilisées pour éclairer les églises, en ce qu’ils devaient être composés uniquement de deux combustibles, l’huile d’olive et la cire d’abeille, qui procuraient des sources de lumière plus propres et étaient particulièrement adaptées aux analogies chrétiennes. Comme l’explique Catherine Vincent, outre que les abeilles figurent une communauté ordonnée, on pensait, depuis l’Antiquité, qu’elles se reproduisaient chastement, de sorte que leur sécrétion, la cire, était rapprochée par les exégètes du Christ né de la Vierge. La peinture de ce graduel témoigne de ce développement théologique associé au cierge. Obligatoire pendant l’Eucharistie, et généralisé à tous les sacrements à partir du XIIIe siècle, ce cierge est une matière « pure » qui se transforme en lumière. Outre qu’il est aussi une image du prêtre tendant l’hostie, c’est-à-dire du personnage qui prend la place du Christ à ce moment précis de la liturgie, le cierge figure ce qui advient au moment de l’élévation des espèces : la cire est la chair du Christ, et la flamme, sa nature divine ; l’une et l’autre sont indissociables, quoique l’une soit matérielle et l’autre immatérielle. Le cierge fonctionne ainsi comme le signe du Christ dans ses deux natures, la lumière étant sa nature divine (voir Signe)


Rédaction

Isabelle Marchesin / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Isabelle Marchesin / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « Les luminaires signes de l'action divine » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 02 décembre 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/976