Les directions relatives au Christ
Motif iconographique
Le Christ est isolé au centre de ce tympan dans une mandorle composée qui constitue un champ hiérarchisé qui lui est propre : il est posé sur un semi d'étoiles délimité par des nuées circulaires superposées, elles-mêmes cerclée par un bandeau d'étoiles. Le Christ est la source d'une lumière théophanique (voir Lumière théophanique) qui se diffuse à travers les différents niveaux ce cet assemblage. Sa Croix, directement posée sur le semi d'étoiles s'élève au-dessus de lui dans l'axe de son corps comme un "signe céleste" ainsi que le précise l'inscription sur la traverse ("Ce signe de la croix sera dans le ciel quand [le Seigneur reviendra pour juger]" / Hoc signum crucis erit in celo cum). C'est la lumière théophanique graduée sur le schéma cruciforme qui agit, sur ce tympan, comme principe de répartition des nations jugées.
Deux anges placés au sommet de la mandorle déroulent des phylactères sur lesquels des versets abrégés de l'évangile de Matthieu formulent les sentences adressées aux nations : le Christ pose sa main droite sur le premier sur lequel ont lit "[Venez, les bénis] de mon Père prendre possession [du royaume préparé pour vous]" / I patris mei possidete (25, 41) ; il abaisse sa main gauche sous le second sur lequel on lit "Allez loin de moi" / Discedite a me " (Mt 25, 34). Le Christ acte ces sentences en attirant et en expulsant l'humanité séparée en élus et damnés, sous chacun des bras de la croix.
Les élus sont disposés à Dextre (à main droite du Christ) sous l'inscription qui prolonge le premier bras : "L'assemblée des saints se tient réjouie devant le Christ Juge" ; le chandelier tenu par l'ange placé à la droite du Christ est allumé et attire le cortège des élus mené par la Vierge. Ses mains jointes en signe de prière franchissent le ruban étoilé qui encercle la mandorle du Christ pour entrer en contact avec les nuées où se diffuse la lumière théophanique. La Vierge intercède, par ce geste, pour les élus appelés à prendre place à ses côtés, auprès de Dieu, au même niveau de proximité avec le divin que les anges. Réunis à Dextre, les élus se trouve en Dieu en leur qualité de chrétiens vertueux qui ont cheminé dans la lumière du Christ, comme le rappellent les vertus (Foi, Espérance, Tempérance, Humilité) inscrites sur les phylactères que déroulent les anges répartis au-dessus d'eux.
Les damnés sont repoussés à Senestre (à main gauche du Christ) sous l'inscription qui prolonge l'autre bras : "C'est ainsi que tous les pervers sont plongés dans les Tartares". Le chandelier placé à la gauche du Christ est masqué par sa main. Deux anges militant armés contraignent les damnés vers l'extérieur du tympan, réduisant la place du mal au bénéfice de nuées habitées par un ange portant le livre de la vie et un ange tenant un encensoir : "Les anges apparaitront et sépareront [les mauvais parmi les juste]" / exibunt angeli et separa (Mt. 13, 49). Ces milices célestes forment un rempart infranchissable, occultent la lumière divine, à la manière des anges armés de glaives enflammés postés à l'entrée du Paradis sur le chemin vers l'arbre de Vie (Gn 3, 24). La gauche du Christ n'est donc pas un lieu mais la direction d'un éloignement qui va conduire les réprouvés en un lieu radicalement éloigné de la lumière du Christ, l'enfer disposés sous les figures.
Gauche et droite servent aussi de direction aux deux lieux qui sont disposés au registre inférieur du tympan. Les élus sont appelés à suivre le chemin vertical que montre la main droite levée du Christ juge, vers la croix déployée au ciel. Les damnés suivent le chemin descendant de la main gauche. Les deux lieux de l'au-delà, pourtant disposés côte à côte, ne sont donc pas pensés comme voisins mais on été placés symétriquement pour exacerber, aux yeux du fidèle, ce qui les oppose. L'un est au ciel, l'autre est dans un lieu indéfinissable, figuré comme souterain et obscur, au plus loin du Christ.