Eucharistie
Motif iconographique
En ouvrant la première prière du canon de la messe, cette lettrine se présente à la fois comme un évènement à caractère miraculeux et comme une mise en visibilité de l’eucharistie. Dans l’image, le saint est représenté de dos face à l’autel, au moment de l’élévation de l’hostie : seule la présence de l’Homme de Douleurs et des arma christi permet d’identifier la scène car il n’est de surcroît pas nimbé, et c’est l’aspect liturgique plutôt que le miracle qui est mis en avant.
La coïncidence entre l’image de cette vision, qui répond à l’incrédulité d’un témoin, et la consécration des espèces au moment de la célébration du rite permet de rendre visible l’efficacité du sacrement. La transsubstantiation, dont le dogme s’impose au XIIIe siècle, fait de l’eucharistie une mutation qui s’opère sur le plan de la substance sans affecter le domaine du perceptible : ici, l’image déploie la part substantielle de la transformation en montrant le corps du Christ souffrant et les instruments de la Passion, ce qui mobilise visuellement l’historia contenue dans la célébration du rite eucharistique. Celui-ci est en effet une commémoration et une répétition du sacrifice, où le prêtre agit au nom du Christ pour présenter l’offrande de l’hostie et du vin.