Rêve injonctif
Motif iconographique
Sur ce chapiteau, un ange visite les trois rois, figurés dans le même lit sous une couverture brodée, et les avertit de ne pas retourner auprès d’Hérode ; une étoile les mènera sains et saufs sur le chemin du Christ. Deux niveaux de vision apparaissent conjointement, différenciés par les yeux des personnages : le songeur a les yeux ouverts, tandis que les deux autres mages ont les paupières closes. Tous ont connaissance de l’étoile, en surplomb de la scène, que l’ange désigne de sa main gauche. Cette vision ne souffre aucune ambiguïté. En effet, le mage accède à une forme supérieure de vision : l’ange lui mime la directive divine et lui effleure la main, attestant la transmission du message, ce qui qualifie la vision comme une vision supérieure, une vision spirituelle. Ces visions en effet, dans la taxinomie d'Augustin, supposent l'influence d'un messager céleste (La Genèse au sens littéral, XX, 12:26). Dans la Bible, le songe peut donc enjoindre: la volonté divine se fait alors entendre sans l'intermédiaire d'un interprète [J.-C. Schmitt, 2003]. Les médiévaux feront appel à cette autorité à plusieurs reprises dans leur histoire, par exemple lorsque le pape Innocent III rêve de François d’Assise soutenant la basilique Saint-Jean-de-Latran en train de crouler.