Animalisation

Motif iconographique

L’animalisation peut se produire sous une forme transitoire qui manifeste extérieurement un désordre du corps. Le registre médian de l’image est occupé par des danseurs aux visages animaux. Les espèces sont plus ou moins aisément identifiables : le singe, l’ours, le lion, la chèvre ou le mouton, le chat. Au registre inférieur, les visages et les corps sont marqués par la laideur. Cette animalisation des acteurs est liée à un moment très particulier de la vie sociale médiévale, le charivari, qui manifeste la désapprobation collective devant une union matrimoniale jugée mal assortie, et génératrice, en cela, d’un désordre du corps communautaire. Cette manifestation publique et bruyante adopte un format de renversement proche de celui des carnavals. La pseudo-musique ou le bruit qui la caractérise sont évoqués par les objets tenus par les participants : tambour, cymbales, vièle d’archet jouée au tisonnier, marmite.

À ce désordre sonore et gestuel répondent les acteurs de la scène. Ils transgressent les catégories sociales en arborant un froc de moine, des habits de femme, en exhibant leurs fesses, mais également en arborant des caractères animaux. Ce qui est très intéressant, c’est que l’animalité apparaît à la fois dans les masques que portent les personnages mais également au travers de caractéristiques animales de leurs corps qui sont à cette occasion exacerbées : les ongles-griffes de l’homme-ours au tambour, le pilosité-pelage des jambes de l’homme-singe au début de la rangée. Il s’agit là d’autant de manifestation de la désagrégation de l’ordre naturel à tous les niveaux.

 


Rédaction

Marion Loiseau / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Marion Loiseau / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin, « Animalisation » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 21 novembre 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/796