Corps laid
Motif iconographique
Dans la pensée médiévale, le corps est le reflet de l'âme : il témoigne de sa qualité et de ses états. L'apparence physique et vestimentaire renseigne donc sur la personne, sur ce qu'elle est. On voit ainsi, avec le tournant naturalisant des représentations du XIIIe siècle, apparaître le motif du bourreau ou de l'homme mauvais à la laideur trahissant l'âme pécheresse. Ces représentations, dans le cas des bourreaux du Christ ou d'autres martyrs, se doublent souvent d'un antisémitisme qui tend à les montrer avec des traits grossiers et une peau sombre, qui les identifie comme l'Autre mauvais.
Dans l'image, un fort contraste sépare la figure agenouillée d’Étienne et les personnages simiesques des bourreaux, aux visages bruns et grotesques. Leur rictus facial accompagne la violence de leurs gestes, au contraire de l'attitude sereine du martyr. Les vêtements jouent également un rôle dans l’expression du mal : l'habit parti jaune et orange de l'homme de gauche semble souvent associé à des figures mauvaises ou, à tout le moins, au désordre et à la transgression.
On remarque néanmoins que le personnage de droite qui désigne la scène, peut-être Saul gardant les manteaux des bourreaux, échappe à cette iconographie de l'homme mauvais, apanage des bourreaux. On retrouve ce type de représentation dans de multiples scènes, notamment les représentations de la flagellation du Christ.