Animation

Motif iconographique

Motif courant dans les scènes de la création d’Adam, l’insufflation de l’âme prend ici un sens singulier. Le moment représenté est celui de l’animation de la matière par le souffle divin qui passe de la bouche de Dieu à celle d’Adam. Celui-ci, allongé sur le sol, a déjà les yeux ouverts et son corps est encore en contact avec la terre qui a servi à le former. Il repose partiellement sur le manteau de Dieu. Son corps s’en détache progressivement, traduisant le processus de l'éveil et l'hétérogénéité des substances humaine et divine.

Cette image donne une vision très concrète du deuxième verset de la Genèse (Gn 2, 7). Il faut toutefois souligner que les théologiens n’ont de cesse de rappeler que ce n’est pas de sa propre bouche que le Créateur a donné vie à Adam ; une telle affirmation reviendrait à accorder à Dieu une matérialité inconcevable, celui-ci ne pouvant, par nature, être circonscrit dans un corps que par l'Incarnation. De plus, une telle disposition pourrait amener à penser que Dieu transmet une partie de sa substance à Adam, ce qui n’est pas le cas : l'âme, en sa qualité de principe vital, est un principe créé pour être donné à la créature et ayant le pouvoir de transcender et de transformer la glaise originelle en chair vivante (Tertullien, De la résurrection de la chair, 7, 2-8). Le souffle animateur n’est donc pas transmis mais donné.

On ne peut manquer de remarquer la présence de la source, dont l’onde parallèle au corps d’Adam semble représenter l'écoulement du souffle à l’intérieur de celui-ci. L'eau fait ici autant référence au mouvement qui anime désormais le corps (le fluide vital qu'est le sang) qu'à la perspective de la renaissance, de la recréation de l'Homme par le baptême qui renouvelle en quelque sorte l'acte créateur premier. Elle lie aussi Adam à la vitalité du lieu paradisiaque où il se trouve.

L’insistance sur la géométrie, et particulièrement les lignes verticales des arbres qui fixent et délimitent le lieu, établit également un repère spatial en appelant l’Homme à la position debout, interprétée comme un des signes de la ressemblance à Dieu et de sa supériorité sur le reste de la Création. Les arbres de l'arrière-plan et la source lient Adam à la vitalité du lieu où il se trouve : le Paradis.


Rédaction

Marion Loiseau (avec la participation de Maréva U) / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Marion Loiseau (avec la participation de Maréva U) / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin, « Animation » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 16 avril 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/51