Promesse de salut par le Christ-Église

Motif iconographique

Les faces nord et ouest du chapiteau montrent le miracle proprement dit : Jean, Pierre et le paralytique (Claudius) sont identifiés grâce aux inscriptions. La muraille, la porte et l'inscription IHER[VSA]L(E)M situent le lieu de l'action, devant le Temple. La porte close, devant laquelle se trouve le paralytique, peut renvoyer dans l'exégèse à la vision du Temple par Ézéchiel (Éz. 44, 2-3) : cette porte ne s'est ouverte qu'une fois devant le Seigneur et ne s’ouvrira de nouveau que devant le Prince, faisant appel à la foi et l'espérance.

Pierre saisit le poignet du paralytique ; celui-ci est déjà représenté debout, les jambes fléchies dans une posture dynamique. Il faut ensuite revenir vers la face est pour appréhender le pendant de l’épisode du miracle — à la fois second temps dans la narration et explicitation : le personnage au centre est le grand prêtre qui somme Pierre et Jean de s’expliquer du miracle opéré. Il tend sa main gauche vers la scène du miracle, en un geste de désignation. La face sud fait suite à la face est en figurant la réponse de Pierre au Sanhédrin : « C’est par le nom de Jésus Christ le Nazôréen, celui que vous, vous avez crucifié, et que Dieu a ressuscité des morts, c’est par son nom et par nul autre que cet homme se présente guéri devant vous. C’est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d’angle. Car il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Actes des Apôtres 4, 10-12).

La métaphore de la pierre d’angle utilisée par Pierre fait notamment écho au psaume 117, à l'évangile de Matthieu (Mt 21, 42-46) et à l’épître aux Éphésiens (Ep. 2, 20). Deux personnages sont représentés marchant vers la face ouest, l'un portant la pierre « dédaignée » par les « bâtisseurs », renvoyant au Christ comme nouveau matériau du Temple (pierre vivante devenue fondement) ; l'autre personnage porte une corne, contenant sans doute l'huile de consécration. Le Temple à l'angle sud-ouest opère ainsi la liaison entre les deux composantes du chapiteau et affirme la constitution de la communauté chrétienne. La guérison du paralytique est le premier miracle opéré par les apôtres après la Pentecôte (moment de la descente de l'Esprit saint sur les apôtres). La communauté, guidée par ceux qui ont déjà reçu l’Esprit, se constitue en Église autour du lieu du Temple, que le Christ, en tant que pierre angulaire, refonde, et sur lequel l’Esprit est amené à descendre (acte de consécration que désigne la corne contenant l’huile).


Rédaction

Louise-Élisabeth Queyrel (avec la participation de Pierre-Marie Sallé) / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Louise-Élisabeth Queyrel (avec la participation de Pierre-Marie Sallé) / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin, « Promesse de salut par le Christ-Église » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 21 novembre 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/180