Puissance de l’Église
Motif iconographique
Cet ivoire carolingien est daté du premier quart du IXe siècle et provient vraisemblablement des ateliers de la cour d'Aix-la-Chapelle.
La Vierge est représentée dans cet ivoire en tant que personnification de l’Église. Les deux quenouilles qu'elle tient à la main permettent d'identifier la mère du Christ, faisant référence aux textes apocryphes dans lesquels Marie file la pourpre du temple lors de l'Annonciation. La croix hampée qu'elle tient dans l'autre main la qualifie comme une personnification de l’Église, dont c'est l'attribut traditionnel. Cette interprétation est renforcée par la présence de la paire de lions dans le haut de la bordure, faisant référence à la Vierge en tant que « nouvelle maison de David » (Luc, 1 32).
Cette image de la Vierge appartient au type de la Virgo militans, une iconographie plutôt rare dans l'Occident médiéval. La Vierge, représentée dans une posture vigoureuse, les bras écartés, remplit l'espace et incarne la puissance de l’Église. Elle est vêtue d'un habit militaire, composé notamment d'une chlamyde, inspirée de celles des généraux romains. Elle est assise sur un trône impérial, une sella curulis, insigne de pouvoir impérial sous Charlemagne. Cette image possède une forte dimension allégorique. Elle véhicule l'idée de triomphe de la doctrine orthodoxe de l'Incarnation et consacre Marie en tant que mère de Dieu, conformément au concile d’Éphèse. Cette image célèbre le triomphe de la foi dans le contexte de la victoire de Charlemagne contre l'adoptianisme.