L'offrande sublimée
Motif iconographique
Après la messe et la distribution des espèces consacrées aux fidèles, le surplus d’hosties, le pain devenu corps divin, était introduit dans ce coffret zoomorphe, par l’ouverture ménagée sur le dos de l’animal, sur le couvercle de laquelle est gravé un monogramme du Christ (IHS). L’objet était alors suspendu au sommet du ciborium (le baldaquin construit au-dessus de l’autel) par une chaînette dont les brins étaient fixés aux quatre tiges disposées autour du disque servant de perchoir à l’oiseau.
Placées en hauteur, les espèces consacrées étaient de fait inaccessibles aux nuisibles et à toute action sacrilège, mais, visuellement, le coffret précieux, suspendu au-dessus de l’autel, rappelait aussi aux fidèles la présence du Christ dans le sanctuaire (par sa présence réelle dans le pain sacramentel). Ce corps saint était alors séparé de tout contact possible avec le sol ou autre objet matériel. La forme du coffret soulignait par ailleurs la sainteté de son précieux contenu : un oiseau, animal aérien qui sert à figurer l’esprit dans culture chrétienne et, qui plus est, une colombe, forme corporelle (corporali specie) sous laquelle l’Esprit saint en action s’est rendu visible au moment de la théophanie du baptême du Christ (Mt 3, 13-17, Mc 1, 9-11 et Lc 3, 21-22). Cette colombe suspendue au-dessus de l’autel évoquait donc la sublimation de la matière du monde (le pain offert à l’autel) en une matière spirituelle (le corps divin du Christ).