La dualité de la personne consacrée
Motif iconographique
La disposition rigoureuse des figures dans l'espace de l'image témoigne d'une vision ordonnancée et hiérarchisée du pouvoir. L'empereur est représenté sur un trône surélevé, assis sur un coussin de pourpre, dans une mandorle, tenant un globe crucifère à la main, conformément au phénomène de christomimésis ottonien qui tend à assimiler visuellement l'empereur au Christ.
La transmission de l'autorité se manifeste par la main de Dieu. La couronne étant déjà placée sur la tête d'Otton, il ne s'agit pas d'une image de couronnement. La main touchant le front de l'empereur évoque l'onction, geste de légitimation pratiqué sur les souverains carolingiens et ottoniens au moment de leur investiture depuis le sacre Pépin le Bref en 751. Les quatre Vivants portent le rideau du tabernacle, qui symbolise le firmament séparant le ciel de la terre. La séparation créée par le voile ainsi que la position de la mandorle soulignent la nature céleste de la consécration dont il fait l’objet.
La main de Dieu représente la puissance divine dans l'image. L’empereur reçoit son autorité de la divinité et devient un intermédiaire entre Dieu et les hommes ; c’est en tant que tel qu’il exerce le pouvoir sur son empire terrestre. La présence de la Terre sous le trône ajoute une dimension territoriale à l'exercice du pouvoir impérial, aspect renforcé par la présence des quatre personnages en bas de l'image, représentant la chrétienté divisée entre les sphères laïque et ecclésiastique, et symbolisant, par leur nombre, le monde chrétien ordonné selon une quaternité symbolique.