Lignage spirituel des ministres du Christ
Motif iconographique
Ce reliquaire orfévré prend la forme d’un avant-bras comme nombre de reliquaires médiévaux de ce temps. Cette forme signalait sans doute la partie anatomique du saint qui y était conservée comme reliques, invisibles, mais néanmoins offerte au regard et à la dévotion par l’image.
Pourtant, ce reliquaire présente moins un membre qu’un geste, le geste de bénédiction (l’index et le majeur dressés côte à côte, le pouce placé parallèlement à ces deux doigts, l’annulaire et l’auriculaire repliés sur la paume). Ce geste est efficace, il agit au nom du Christ et il apporte sa protection ; mais c’est aussi le geste qu’accomplit le prêtre en prononçant les paroles fixées par la tradition liturgique pour que soit consacrée, par le pouvoir agissant du Christ, la matière du monde. Cette main en acte est lumineuse, faite de plaque d’or plus brillante que l’argent doré qui compose la manche. En ce sens, les anges à l’encensoir figurés sur les plaques rectangulaires d’argent niellé disposées sur l’ourlet de la manche, marquent la frontière entre la main confondue avec celle du Christ au nom duquel elle agit, et le bras du simple ministre.
Saint Pierre et saint Paul sont figurés sur deux autres plaquettes d’argent, chacune disposée d’un côté du reliquaire et placée au plus près de la main, sur la bordure de la couture de la manche. Ceux-ci sont les premiers ministres du Christ à avoir agi en son nom. Le pouvoir de médiation spirituellement transmis par les apôtres aux ministres de l’Église est célébré dans ce reliquaire qui conserve la mémoire d’un autre de ses ministres, devenus saint. Le geste liturgique qui donne sa forme à la relique témoigne du caractère sacramentel de cette transmission.