Dislocation de l’être
Motif iconographique
Dans cette image de la mort du saint, l’âme et le corps sont nettement différenciés par la taille et l’apparence. La matérialité du corps allongé, marqué par la vieillesse, est fortement affirmée, tandis que l’âme, sous la forme d’un enfant baigné par un rayon de lumière, possède des caractéristiques qui la rattachent à la sphère spirituelle.
Les deux composantes de l’être, une fois séparées, connaissent donc des destins différents : le corps périssable et vieilli retournera à la terre. L’image accentue fortement son état : les traits du visage sont vieillis et émaciés, les drapés très abondants qui couvrent le moine renforcent sa pesanteur. Ces drapés et leurs plis abondants qui barrent la poitrine du mort reflètent aussi la dislocation du corps, privé de son principe animateur. Ces motifs contrastent avec l’apparence de l’âme représentée sous la forme d’un enfant, signe de la permanence d’un état premier, qui n’aurait pas connu les mutations et les altérations subies par la matière périssable du corps. Son apparence a conservé toute sa cohérence organique, au contraire du cadavre. La pesanteur matérielle de celui-ci s’oppose à la légèreté de l’âme emportée par les anges : l’un d’eux attend de la recevoir, les mains couvertes d’un linge marquant le changement d’état de l’âme, libérée de la chair, et sa présentation imminente à Dieu, en vertu des qualités spirituelles du saint.