L’apparence corporelle comme manifestation de l’âme
Motif iconographique
À partir du XIIIe siècle, les critères physiques, mais aussi les couleurs de peau viennent renforcer les codes antérieurs de la laideur morale, qui relevaient essentiellement de couleurs et de motifs utilisés, comme l’a montré Michel Pastoureau, pour stigmatiser visuellement les êtres mauvais. Si les sarrasins des images médiévales n’en sont pas exempts, ce sont les juifs qui sont le plus largement grevés de ce type de traits, tout particulièrement dans les scènes de la Passion du Christ. Ici, les hommes qui insultent le Christ portent des vêtements bipartites, rayés verticalement, posés en diagonale, mais aussi des peaux sombres, des traits de visages difformes ou animalisés. Tous ces excès et désordres visuels sont supposés exprimer, à l’extérieur, la noirceur et l’agitation pulsionnelle, animale, de leur âme. On les retrouve chez les gardes et les bourreaux des peintures suivantes dans le manuscrit, aux folios 11, 12 et 13.