Les signes émotionnels
Motif iconographique
Dans cette image, sainte Catherine de Sienne et saint François d'Assise sont en train de recevoir les stigmates, le regard tourné vers la Crucifixion tout en étant séparés par le compartimentage de l'image : ils ne sont pas dans le même espace ni dans le même temps, mais par l'identification profonde au Christ, ils sont arrivés à recevoir sa présence jusque dans leur chair. La participation au martyr du Christ n'est pas que spirituelle, elle est aussi corporelle et charnelle : c'est par le geste, l'attitude, la recréation de l'événement que les martyrs parviennent à l'imitation parfaite des saints stigmatisés, eux-mêmes images du Christ.
Les deux saints stigmatisés ont, semble-il, une vision directe du Christ, mais à travers le médium matérialisé par les cadres de l'image : leurs yeux sont tournés vers la scène principale alors qu'ils reçoivent les stigmates, qui semblent naître de jets de sang dont les directions pointent vers les différentes parties du corps du crucifié. Le corps devenant image du Christ fait écho au voile de Véronique : ce sont deux matières recevant l'empreinte du Christ.
Le corps devient un lieu d'image par la stigmatisation : la mimêsis, en tant qu'imitation non pas des apparences, mais de l’essence, se manifeste à divers degrés. Il y a l'empreinte physique de la Sainte Face sur le voile de Véronique, et les marques corporelles dans les corps des dévots stigmatisés. L'imitation formelle est un moyen de devenir une imago, possédant des caractéristiques ontologiques de son prototype.