Union du peuple à Dieu par le prêtre
Motif iconographique
Sur l’un et l’autre des deux pages, des fidèles de tous âges et genres, à genoux les mains jointes, contemplent l’hostie consacrée que le prêtre élève en direction de l’image du Christ crucifié. À cheval sur les deux pages, les sonneurs font retentir la cloche qui annonce l’élévation de l’eucharistie.
Tous les croyants sont tournés vers la droite dans le sens de l’orientation du lieu-église, essentialisé ici par son clocher sortant du cadre et faisant le lien entre les deux pages de manuscrit. Ce clocher renferme une cloche tendue à l’horizontale, par sa traction extrême, dans la direction de l’image du Christ en croix. Toute cette communauté qui fait corps avec le bâtiment sacré est constituée d’un ensemble compact d’hommes et de femmes qui adorent Dieu dans un geste commun, les mains jointes. Ce geste est une réponse à un son unique, identiquement entendu de tous, où qu’ils se trouvent, et qui les rassemble au moment le plus intense de la vie chrétienne, face au Christ sauveur présent dans l’hostie et en image. En cet instant, c’est l’Église tout entière qui se tourne vers le Christ sacrifié.
Le prêtre est le représentant de cette communauté. Seul personnage debout, il se tient devant l’image du Christ comme la figure de proue de cette assemblée. Délégué par elle pour recevoir le sacrifice, il en porte aussi les prières, jointure entre le peuple des croyants et le Christ. Vêtu à la fois des couleurs de l’assemblée (le rose et le vert qui s’observent également sur le clocher et la bordure) et du blanc du périzonium du Christ, le prêtre réalise la synthèse visuelle des deux parties. Le mouvement de ses bras fait écho aux gestes de la communauté et les prolonge par-delà le cierge que tient le servant, jusqu’à l’autel vers lequel il s’avance, comme le montre son pied droit : seul habilité à pénétrer dans l’espace sacré de l’autel et du mystère sacramentel qui s’y déroule, il y conduit, par sa médiation, l’ensemble des fidèles en prière.
Le sang et l’eau qui coulent du côté du Christ arrosent l’hostie et le calice. Ils attestent de la présence divine faisant réponse à la requête communautaire portée par le prêtre : un Christ de douleur apparaît au sein de l’hostie, et le prêtre se fait l’instrument de l’union entre le Christ et son Église.