Luxure

Motif iconographique

L’épisode vétérotestamentaire du désir scandaleux de David pour la femme de son général Urie, qu’il envoie à la mort, est, avec l’épisode de Suzanne et les vieillards, fondateur d’une tradition de représentation de la convoitise qui engage sans doute moins ceux qui désirent que celles qui sont désirées. Dans la peinture, Bethsabée est représentée dans son bain, entourée de quatre servantes qui lui tendent des fruits rouges, un peigne, une coupe et surtout un miroir. Sa beauté est intense, nudité et peau d’ivoire ressortant devant la fontaine qui les encadre : elle est donnée à voir au spectateur comme elle se donne à voir à David. Cette beauté est recherchée : Bethsabée se mire dans le miroir où elle réapparaît en buste dans toute sa nudité. Présentée comme luxurieuse par son amour des plaisirs et des biens charnels, orgueilleuse car plongée dans l’amour d’elle-même par sa contemplation dans le miroir, elle possède tous les attributs de la femme pécheresse provoquant le péché, une Ève moralisée à l’extrême, dont témoigne la petite pomme rouge qu’elle tient dans la main, et qui constitue une rime formelle de ses seins. Le roi David, installé à une fenêtre, se tient dans le prolongement du miroir : sans être totalement dédouané de sa convoitise, il est ici figuré comme victime de l’illusion de la beauté charnelle que Bethsabée met en scène.


Rédaction

Isabelle Marchesin / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Isabelle Marchesin / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « Luxure » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 21 novembre 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/1132