Union en Dieu
Motif iconographique
Ce panneau, le deuxième en descendant le vantail gauche de la porte, représente l’épisode de la présentation d’Ève à Adam par Dieu. Les trois personnages sont encadrés par deux grands arbres placés de part et d’autre. Dieu, plus grand, se tient derrière Ève, à laquelle fait face Adam, sur la droite ; il accompagne le déplacement d’Ève par un léger contact à l’épaule. Ce faisant, Dieu se positionne et la positionne de sorte à la mettre en face d’Adam. Il ne disparaît pas pour autant, puisque, plus grand que la femme, il rayonne de la splendeur de la toge ouvragée qui le couvre. Ce détail est d’importance : en se positionnant derrière Ève, le Créateur ne s’efface pas, mais il propose d’aimer Ève dans sa propre lumière à lui, de l’aimer en tant qu’elle est créature aimée de Dieu. Ou si l’on préfère, si Adam aime Ève, c’est dans la lumière que Dieu, placé dans le dos de la femme, fait rayonner autour d’elle. Cet amour humain placé en Dieu a pour enjeu l’union de l’homme et de la femme. Les deux humains se regardent et avancent l’un vers l’autre en tendant leurs bras. Le moment figuré est celui de leur rencontre et la tension qui se tient dans l’espace vide laissé entre les deux personnages accentue l’impression de désir amoureux qu’ils ressentent l’un pour l’autre. Elle se joue dans la proximité des mains, sur le point de se toucher, dans la réponse parfaite de leurs gestes, de même que dans les positions de leurs jambes, si parfaitement articulées qu’elles promettent un entrelacement et une articulation parfaite de corps semblables sans être strictement identiques. L’amour en Dieu peut et doit donc engager les corps, dont la finalité est de croître et multiplier. En Paradis, avant que la Chute ne les réduise à des comportements animaux et charnels, cet amour des corps de l’homme et de la femme était tout à la fois fructueux et pur car ils étaient unis en Dieu. C’est ce que revendiqueront, plus tard, ces bénédictions et rituels chrétiens liés au mariage qui aboutiront à l’institution du sacrement du mariage, dans la deuxième moitié du XIIe siècle.