Amour comme union au Christ

Motif iconographique

Le Christ enseigne à ses fidèles par des récits exemplaires qu’ont rapportés les évangélistes. À une époque où le mariage s’est fortement christianisé, cette parabole mettant en scène époux et épouses, permet de délivrer un enseignement sur les modalités de l’entrée dans le royaume de Dieu. Y sont comparés les comportements de dix vierges, cinq appelées sages et cinq appelées folles. Toutes doivent rencontrer leur époux, le Christ, mais les vierges folles n’ont pas pensé à mettre de l’huile dans leurs lampes.

Sur la face inachevée du chapiteau peuvent être identifiées les silhouettes des cinq Vierges folles qui butent sur une porte close. Elles n’ont pas accès au Paradis au sein duquel trônent ensemble le Christ et son Épouse, un co-règne qui signifie leur amour et leur union. L’Épouse tient dans sa main une petite tige végétale, que l’on trouve dans les mains des cinq autres vierges, en place des lampes attendues. Ces cinq vierges sont en fait une seule et même figure représentée en cinq étapes de son cheminement vers Dieu, que l’on peut comprendre en por-tant attention aux gestes et aux attributs.

Sur le petit côté, la jeune fille tient une tige végétale dont la forme reprend celle du grand Arbre de vie qui est planté à ses côtés et dont l’architecture végétale ressemble au corps de la Vierge. En posant sa main sur elle, la jeune femme se reconnaît comme bénéficiaire de cette vie divine et de cet amour divin, et elle connaît alors son Créateur. Sur la grande face, la jeune fille de droite pose sa main sur l’épaule de celle qui la précède et qui pointe un index sur sa poitrine : l’amour que la future épouse doit donner, c’est elle-même, en totalité, corps et âme. La troisième jeune fille, sculptée de face, est caractérisée par le fait qu’elle tient ce petit arbre apposé contre son corps : visuellement, elle le contient. Elle a donc réintégré l’Arbre de vie en elle, qui est devenu la source de sa nouvelle vie, et elle a placé son corps (dont les jambes ne sont plus croisées) dans l’alignement du végétal. Elle est « rectifiée », disent les chrétiens, en ce qu’elle a retrouvé, en elle, l’ordre et la pureté originels du divin.

La Vierge sage peut alors se donner au Christ, en lui remettant son Arbre de vie, sur l’arête du chapiteau. En retour, elle obtiendra la couronne que le Christ tient sur ses genoux, parce qu’elle recevra le Christ lui-même. C’est ce que montre la Vierge épousée, celle qui trône avec Dieu sur la dernière face : elle a posé sa main paume ouverte vers l’extérieur en un signe con-ventionnel de réception, ici de réception de son époux.


Rédaction

Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « Amour comme union au Christ » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 21 novembre 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/1123