Déchéance
Motif iconographique
L’épisode du songe et du châtiment de Nabuchodonosor est raconté dans le livre de Daniel (Dn 4, 29-30 5, 20-21). Le roi de Babylone cesse d’être un homme dès lors qu’il devient fou, et se met à manger de l’herbe parmi les autres animaux, condition infamante pour un roi. Le chapitre 4 du livre de Daniel précise qu’il lui pousse des plumes et des griffes, mais c’est avant tout son attitude animale, l’action de brouter de l’herbe, qui est en cause. Il apparaît ici sous la forme d’un capriné, et conserve un visage humain ainsi que sa couronne qui le rend identifiable par le lecteur du manuscrit. La présence d’un lion parmi les animaux qui l’accompagnent ne figure pas dans les textes. Tout comme la licorne, il évoque l’Orient. Puni pour ses excès, l’animalité devient un moyen d’expiation des péchés du roi. À l’issue de cette épreuve, il recouvre sa puissance.
L’animalité est un mal lorsqu’elle se manifeste dans le corps de l’homme. Il s’agit d’une rupture de la similitude avec Dieu (corps altéré), voulue par Dieu, elle est donc un châtiment divin. La condition d’animal est empreinte à la fois de désir et de violence, qui sont des marques d’irrationalité et de soumission à la chair. Le corps de l’animal évoque la luxure, et nombreux sont les animaux néfastes : prédateurs (loup, ours, lion), reptiles (dragon, serpent). De plus la transgression de l’ordre provoquée par la bestialité entraîne une rupture avec l’ordre initial. C’est pourquoi la transformation en animal est considérée comme un châtiment divin au Moyen Âge, de la perte de la raison et donc de la présence de Dieu.