Hildegarde
Motif iconographique
Le cosmos est figuré sous la forme d’un ensemble de sphères qui contiennent le feu, l’éther, l’eau, les étoiles et les vents, surmontant la terre placée au centre de l’image. Celle-ci est divisée en quatre quartiers, que les différents états des végétaux ainsi que les travaux de l’homme permettent d’associer aux quatre saisons : les quartiers supérieurs figurent l’automne et l’hiver, ceux du dessous le printemps et l’été. Le mouvement rotatif insufflé à la sphère terrestre par les vents régit la succession des saisons, dans le sens des aiguilles d’une montre. Une continuité est établie entre l’écoulement du temps, la croissance et la mort des plantes, ainsi que les changements que connaît l’être humain ; ces phénomènes s’inscrivent dans un cycle dont les étapes successives voient se modifier la configuration des éléments et des humeurs, l’action des vents et celle des corps célestes. Certaines humeurs, comme celle du printemps, apportent la maladie et la mort, tandis que d’autres, comme celle du premier moment de l’été, est porteuse de germination et du jaillissement de la vie, qu’Hildegarde nomme « viridité ».
L’être humain est particulièrement concerné par ces mutations, qui l’affectent aussi bien physiquement que spirituellement. Ainsi, dans le quartier de l’automne, les étincelles de feu tombant du firmament détruisent l’arbre et consument le corps de l’homme, puni pour ses plaisirs charnels qui le ramènent à l’état de bête. Au contraire, l’humeur humide du début de l’été apporte la bénédiction divine signifiée par la fructification, récompense des bons travaux de l’homme pur qui s’élève vers les choses célestes. L’alternance des mois coïncide par ailleurs avec celle des états spirituels de l’homme : vertus et qualités se renforcent ou s’amenuisent tour à tour au fil de l’année. Plusieurs mouvements se superposent de la sorte, témoignant des états successifs du principe de vitalité, attestés par les mutations de la Création tout entière, rendues sensibles par l’écoulement du temps.