Usurpation du bien
Motif iconographique
La duplicité est une des caractéristiques du mal, et la tromperie est un stratagème fréquemment utilisé par le diable pour arriver à ses fins. Cette miniature représente la scène de la tentation du Christ par le diable d’après Matthieu (4, 1-11). Si le texte raconte bien une tentation par le diable, il n’est en revanche pas question de déguisement ou d’usurpation de la part de ce dernier.
Le diable utilise ici les oripeaux du bien pour séduire le Christ et le mettre à l’épreuve. Or pour le Christ, et par extension pour le chrétien, la tentation du bien peut prendre la forme d’un moine, qui constitue un exemple de vertu chrétienne. La scène rend compte de la crainte des médiévaux, et plus particulièrement des ecclésiastiques vis-à-vis de la duplicité du mal. Pierre le Vénérable (De Miraculis, liv. 1, chap. 6) rapporte un cas dans lequel un moine est trompé en songe par le diable déguisé en abbé ; ce dernier se propose de l’aider pour mieux s’introduire dans le corps du moine. Sur cette image, le diable à l’apparence de moine pourrait être une mise en garde contre la duplicité du mal. À l’imitation du Christ, les moines doivent être vigilants.
L’image accompagne le texte de la lecture du premier dimanche de Carême. Ce texte évoque certainement la tentation dans un contexte de jeûne et de privation, lors duquel le chrétien doit résister à la tentation des biens et des plaisirs terrestres pour se rapprocher de Dieu.