Construction de la communauté par la mémoire
Motif iconographique
Ce panneau figure la construction de l’abbaye de Mozac, identifiée par l’inscription qui se déploie sur le pourtour de l’image. Au centre, est visible la figure de saint Caprais, martyr du IIIe siècle dont les reliques étaient conservées à l’abbaye, qui lui est dédiée ainsi qu’à saint Pierre. La réalisation de la châsse de saint Calmin commémore trois événements : la fondation de l’abbaye de Mozac au VIIe siècle, le transfert des reliques d’Austremoine, évêque de Clermont ayant évangélisé l’Auvergne, au IXe siècle, grâce à une donation royale, ainsi que la translation des reliques de Calmin et son épouse, à la fin du XIIe siècle.
Ce sont les épisodes les plus importants de l’histoire de l’abbaye qui sont commémorés dans un même objet, qui participe de la construction d’une mémoire communautaire localisée dans le bâtiment de l’abbaye. C’est une construction spatiale, qui inscrit la mémoire dans un territoire précis, mais également temporelle : la construction pierre par pierre de l’édifice par les maçons accompagne une véritable généalogie de l’abbaye de Mozac. Il s’agit en effet d’inscrire l’abbaye dans la continuité d’un héritage apostolique local, de rappeler la longévité de son existence et le prestige de ses donateurs. L’histoire sacrée, qu’évoque l’autre face de la châsse par la figure du Christ et des apôtres, prend une dimension locale qui inscrit l’abbaye auvergnate dans l’historia universelle, en établissant une continuité entre les deux traditions. Le dépôt apostolique est ainsi montré comme transmis et adapté par des figures de sainteté historiques et locales et témoignent de la sanctification progressive du monde dans le temps de l’Église. Cette sainteté à l’œuvre est rappelée par les reliques contenues dans la châsse, auxquelles il faut ajouter les reliques de Caprais et Austremoine également conservées à Mozac, qui attestent la présence continue des saints dans l’édifice et l’efficacité de leur virtus.