Temps du retour
Motif iconographique
C’est en quelque sorte une synthèse de l’histoire chrétienne qui est donnée à voir dans cette image. Elle met en effet en rapport le début de l’histoire, qui commence en haut à gauche par l’expulsion du Jardin d’Eden à la suite du péché originel. Celui-ci mène aux difficultés de la subsistance dans le monde d’après la chute (travail de la terre, enfantement dans la douleur) évoquée en haut à droite. Le terme de cette histoire, l’Incarnation du Christ qui va racheter le genre humain, est préfigurée par l’Annonciation de la partie basse, tandis que les deux enfants évoquent les générations humaines à venir, qui séparent ces deux termes. Aux épreuves de la vie terrestre succède la promesse du renouveau. C’est notamment la mise en rapport des figures d’Eve et de Marie qui permet de rendre compte de cette dynamique : le pied d’Eve est en contact avec l’espace céleste dont jaillissent le Saint-Esprit et les rayons lumineux qui frappent la Vierge. Le parallèle est renforcé par la couleur commune de leur costume dans la partie droite de la miniature, alors que Joseph,qui apparaît exceptionnellement et fait pendant à Adam, est exclu, regardant dans la mauvaise direction. Comme Eve avait été la cause de l’expulsion du Paradis, c’est Marie qui permet d’y retourner. Ce retour est annoncé à la fois par l’ouverture incongrue de l’édicule de la partie gauche, qui suggère une remontée vers le jardin situé au-dessus, et par l’ange, qui, dépassant de la bordure, fait également le lien entre les deux moments. Le rameau qu’il porte, dont le fleurissement vitalise le mur du fond, peut faire référence au texte du Psaume retranscrit au-dessous de l’image : « L’Eternel aussi accordera le bonheur, et notre terre donnera ses fruits ». Une boucle temporelle se dessine ainsi, qui est polarisée par le salut, gage de la rédemption nécessaire à l’accès au Paradis.