Mise en ordre
Motif iconographique
Cette image s’écarte de l’iconographie habituelle des âges de l’homme, où c’est généralement la personnification de la Fortune qui gouverne les étapes successives de la vie humaine. Ici, c’est le Christ-Logos qui ordonne les dix moments de ce parcours à travers l’existence, qui débute en bas à gauche par la naissance et s’achève en bas à droite par la mort. Quatre figures identifiées par des phylactères, qui incarnent chacune une période de la vie, de l’enfance à la décrépitude, encadrent la roue. La circularité du diagramme est ici trompeuse : elle laisse supposer l’éternel retour d’un temps cyclique, mais le temps représenté ici est en fait linéaire, puisqu’il a un début et une fin. Les dix moments représentés dans les médaillons ont été rapprochés d’un poème contemporain, qui évoque l’évolution des préoccupations de l’être humain et son rapport à la mort. À l’image du parcours de la roue, un mouvement d’élévation précède une chute inéluctable. Au caractère transitoire de l’existence humaine, dont l’absence de répétition dans les motifs ornementaux qui se déploient entre les rayons se fait l’écho, s’oppose la figure centrale du Christ-Sagesse, entouré de l’inscription « Cuncta simul cerno : totum ratione guberno » (Je perçois tout simultanément, et je gouverne tout avec raison). Cette simultanéité du regard du Christ s’oppose au regard du spectateur, nécessairement fragmenté : c’est de manière partielle et progressive, dans la durée, que l’ordre divin qui régit l’existence humaine lui est donné à comprendre. Les pupilles du Christ sont en outre disposées de telle façon qu’on ne peut saisir son regard, qui embrasse plusieurs directions, là où le fidèle n’a accès qu’à un point à la fois.