Salut

Rubrique

Le salut constitue l’horizon de la vie chrétienne. Il est aussi bien ce à quoi aspire chaque fidèle que l’objet-même du plan providentiel et eschatologique que Dieu réserve à l’humanité entière : triompher de la mort et du péché. Le salut fait l’objet d’une réalisation progressive par l’articulation de l’Ancien et du Nouveau Testament : les voies permettant d’y accéder se transforment en même temps que s’élargit jusqu’à l’universalité la population qu’il concerne, et ce par la médiation essentielle du Christ d’une part et de l’Église d’autre part.

Il faut souligner le double mouvement paradoxal permettant le salut des hommes : à la fois des hommes vers Dieu grâce à la foi et grâce aux œuvres, et à la fois de Dieu vers les hommes, par le don de la foi et par l’incarnation de son Fils parmi les hommes, par la venue du divin dans la chair. L’Incarnation et le sacrifice sur la croix représentent deux facettes indissociables du rapprochement voulu et effectué par Dieu en direction des hommes pour contrer leur éloignement après la Chute et rétablir l’état paradisiaque. Le christianisme se fonde ainsi sur une logique sacrificielle propitiatoire pour favoriser le retour à une harmonie entre les hommes, la nature créée qui l’environne et le divin. Si la grâce et le don de la foi dépendent de Dieu, la conception chrétienne du salut ne conduit néanmoins pas à une résignation fataliste mais passe, selon la réflexion développée par Augustin d’Hippone, par l’exercice du libre-arbitre qui engage la responsabilité de l’homme.

Dans cette rubrique, les modalités actives du salut dans la pensée médiévale seront analysées en prêtant une attention particulière aux notions de justice, d’échange et d’expiation, et au rapport entre monde des vivants et monde des morts. On abordera le salut en tant que plan divin défini par Dieu selon une logique providentielle et sur le mode de la révélation. Le salut annoncé dans l’Ancien Testament par les prophètes s’accomplit par l’Incarnation ; le sacrifice volontaire d’un Dieu fait homme pour expier le mal présent en l’homme exprime le retournement des attendus de l’ancienne Loi, qui voyait dans le Messie un roi chargé de délivrer Israël de l’esclavage terrestre. Le salut est indissociable du jugement porté par Dieu sur le sort de chaque personne après sa mort et dans une perspective eschatologique. Le salut, même s’il s’accomplit sur un plan individuel, se pense également d’une manière communautaire qu’on peut qualifier d’ecclésiologique en tant qu’il s’opère au sein de l’Église par l’activation de la vie liturgique et sacramentelle et par la médiation des fidèles et des saints. Les saints sont les premiers hommes à bénéficier du salut et cette perspective se concrétise sous différentes modalités d’extraction du monde terrestre et d’accès au monde céleste.


Rédaction

Louise-Élisabeth Queyrel (avec la participation de Pierre-Marie Sallé) / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Louise-Élisabeth Queyrel (avec la participation de Pierre-Marie Sallé) / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin, « Salut » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 29 mars 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/9