Purification
Motif iconographique
Cette illustration saisissante des supplices du Purgatoire fait une étonnante synthèse du caractère malléable de l’âme, qui témoigne de sa capacité au changement d’état.
La corporalité de l’âme (à distinguer de la corporéité) est associée au péché, et pour cause : elle est symptomatique de la perte de la similitude avec Dieu. Celle-ci est très visible chez la femme représentée au premier plan en bas à droite : nue, fortement sexualisée (avec le détail de la chevelure qui s’écoule sur son bras), elle est entravée au niveau des poignets et mordue par des animaux. Les autres personnages de l'image, plongés dans l'eau, dans les flammes ou encore prisonniers du rocher, présentent les mêmes caractéristiques physiques. C'est encore le cas des âmes des deux femmes qui, au niveau médian, sont en train d'être emportées par les anges : elles n'ont pas encore complètement quitté le Purgatoire puisque leurs pieds sont encore plongés dans le feu et l'eau.
Le processus de purification n’est achevé que pour les trois âmes recueillies dans les bras des anges du ciel : elles ont des corps d’enfants, sont asexuées et conformes à la figuration traditionnelle des âmes dans l’iconographie médiévale. L'image spiritualisée de l'enfance s'oppose ici à la culpabilité charnelle du corps adulte, et notamment du corps féminin largement mis en valeur au premier plan.
Les différents aspects des âmes telles que représentées dans cette image sont autant de marqueurs de l’évolution de leur état de conformité par rapport à leur condition d’origine, mais ils témoignent, de surcroît, de leur sanctification finale (Jn 17, 19-21) : dans le ciel, elles sont en effet portées par des mains voilées, signes de sacralité, évocation notable de la représentation du Sein d'Abraham, et aboutissement de l'expérience de purification.