Vision fautive

Thématique iconographique

L’association entre cécité et péché est rappelée par Jean 3, 19 (“Et ce jugement c’est que la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises”). Une correspondance est clairement établie entre l’aveuglement du corps et celui de l’âme, tous deux signes d’éloignement de la vérité divine. Si le fait de recevoir une vision d’origine divine est perçu comme un signe d’élection, au contraire, la privation de la vision est le lot des mauvais chrétiens et des hérétiques. Recouvrer la vue, dès lors, marque la fin de l’errance et la victoire sur le Mal. Des guérisons d’aveugles ont lieu à plusieurs reprises au cours de la vie publique du Christ, et dans les Actes des apôtres, illustrant le pouvoir du Messie d’illuminer les ténèbres et le ministère qu’il transmet aux hommes. L'ouverture des yeux renvoie à la conversion intérieure et à cette illumination de la foi. Inversement, l’aveuglement, tant corporel que spirituel, est un refus de la vérité et de la grâce, et peut même être l’une des formes du châtiment divin, par privation de la lumière de Dieu. Ainsi Isaïe en appelle à l’aveuglement de ceux qui vont à l’encontre de Dieu : “Aveuglez-vous et soyez aveuglés ! [...] Car l’Éternel a répandu sur vous un esprit de léthargie ; il a fermé vos yeux, les prophètes ; Il a jeté un voile sur vos têtes, les voyants.” (Is 29, 9-10). Là encore, l’aspect spirituel de la vision (ou de son absence) est difficilement dissociable de sa dimension corporelle.


Rédaction

Nicolas Varaine (avec la participation de Nancy Thebaud) / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Nicolas Varaine (avec la participation de Nancy Thebaud) / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin, « Vision fautive » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 27 décembre 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/835