Mutation comme accomplissement providentiel
Thématique iconographique
Le processus temporel est un phénomène de mutation universelle qui se comprend comme l’expression d’un plan providentiel de Dieu. Le passage du temps est doublement perçu : il est marqué par le rythme des saisons, que souligne le cycle d’une liturgie caractérisée par une répétition de rites ; il se déploie de façon linéaire en tant qu’il est l’histoire du Salut (historia) s’acheminant vers la perspective ultime du Jugement Dernier (temps eschatologique).
L’évolution des communautés dans le temps et à travers l’Histoire est le sujet privilégié de récits de l’histoire du monde, où les savants ont cherché des âges successifs délimités par les évènements de l’histoire biblique où s’introduisent des ruptures. Depuis Bède le Vénérable, les Histoires Universelles rédigées au cours du Moyen Âge relatent, selon différents découpages, le déroulement de ces périodes depuis la création du monde jusqu’à l’époque contemporaine de leur rédaction et font état des mutations qui adviennent successivement. La Passion en est le jalon central dans la pensée chrétienne, un moment où passé, présent et futur se nouent pour l’éternité ; les images font largement état de cette transformation très singulière du monde lors de la mort et de la résurrection du Christ : c’est à la fois une régénération de la Création, et l’établissement d’un ordre ontologique différent apporté par la Nouvelle Loi. Ces mutations touchent plus spécifiquement les communautés humaines et leur rapport au divin. Parmi les divers découpages proposés, on soulignera celui de Saint Augustin (De diversis questionibus, 66) qui établit quatre périodes de l’Histoire : avant la Loi (c’est à dire avant le Déluge et l’alliance de Noé), sous la Loi (jusqu’à l’Incarnation), sous la Grâce (qui est le temps de l’Église) et enfin sous la paix, qui est le temps du Jugement Dernier.