Image
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Le terme latin imago, dérivé du grec εἰκών (eikon), dont le champ sémantique est plus large que celui de sa traduction française « image », se définit dans le christianisme occidental comme un signe mimétique, c’est-à-dire un signe travaillé par l’imitation de son modèle, référent ou prototype. À une époque où la vue est un de ses sens les plus privilégiés, la riche terminologie qui entoure le champ de la mimêsis (vestige, trace, semblance, similitude) ne touche pas seulement à l’apparence des choses. Les qualités partagées avec le référent dans la relation d’image peuvent être formelles mais aussi relever de la substance : le Christ est l’image du Père et lui est consubstantiel ; l’Homme est à l’image de Dieu et tient de lui la capacité à procréer, le libre-arbitre, etc. L’image ne se restreint donc pas au champ visuel et matériel des œuvres d’art. L’imitation implique une qualité d’être et un degré de proximité avec le prototype ; c’est au fond la question de la présence et du contact avec ce prototype qui sous-tend la relation d’image, bien plus que la ressemblance formelle, qui n’en est que l’indice. L’image revêt également une dimension cognitive, dans la mesure où c’est l’âme, siège de la pensée, qui, en l’Homme, a été formée à l’image de Dieu.
Une relation substantielle
L’image est au fondement de l’anthropologie chrétienne et structure les rapports fondamentaux entre l’Homme et Dieu. À la source de cette réalité se trouve la création de l’Homme à l’image de Dieu. Ce modèle premier de la relation d’image est celui de la similitude divine qui régit en partie le discours sur la nature du Christ. Dans un monde chrétien où la philosophie platonicienne des idées occupe une place moins prépondérante que la théologie trinitaire de saint Augustin, c’est par la relation d’image qu’entrent en interaction le divin et l’humain, l’esprit et le corps.
Le lieu d’une présence
Cette relation, générée par la rencontre entre un prototype et une substance qui en conserve la trace (de par sa matérialité ou sa corporalité), convoque de fait les notions de présence, de contact et de corps. On parlera ainsi d’image-empreinte pour désigner les objets résultant d’une relation immédiate à leur prototype. Lorsqu’il s’agit d’une figure divine ou sainte, cette présence du prototype dans ses représentations matérielles, même si elle n’est pas à l’origine de la formation de l’objet visuel, est toujours susceptible de devenir pleinement effective, et la sculpture ou la peinture de prendre corps : on parlera alors d’image-corps. Enfin, l’idole se caractérise ici comme une contre-image, dont la matérialité très marquée dénonce le simulacre d’une représentation dépourvue de prototype divin ou animée par le diable.
L’instrument de la pensée
L’âme, en tant que quasi-matière, est une substance particulièrement réceptive aux sensations et informations issues de l’expérience concrète. Les pensées formées par l’esprit sont des images mentales, susceptibles d’être remémorées en dehors de leur contexte d’acquisition et de former, par un processus d’intellection, des visions spirituelles ou des pensées peccamineuses.