Image comme idole
Thématique iconographique
Toutes les images religieuses ne sont pas valorisées : il existe bien évidemment un pendant mauvais de l’image de culte, qui est l’idole. Elle possède un type iconographique bien particulier, qui semble traverser le Moyen Âge de façon assez uniforme. Dans sa représentation, l’idole se distingue de manière très nette des autres images chrétiennes en affirmant une nature profondément éloignée du divin, tant par sa forme que par ce qu’elle exprime de sa propre existence. Ainsi est-elle parfois représentée sous la forme de statues antiques, sans doute par persistance d’une mémoire des cultes païens gréco-romains, ou sous forme d’animaux, de créatures monstrueuses. Les références artistiques de certaines représentations d’idoles qui reprennent des traits de statues antiques, nues, casquées et armées de lances et de boucliers, semblent également induire une composante essentielle du discours contre les idoles et qui rejoint aussi la dénonciation de leur matérialité : l’Homme adore sa propre création et se détourne du Créateur ou ignore son existence. C’est sans doute ce risque-là qui est le plus présent au cours du Moyen Âge, car l’idolâtrie se partage entre deux pôles : l’adoration d’autres dieux qui ne sont que des démons déguisés, ou bien la vénération d’un objet créé par la main de l’homme.
La forme humaine est courante et semble faire écho aux représentations de la Vierge et du Christ ; néanmoins, la matérialité des idoles est toujours fortement accentuée par des monochromes, évoquant une certaine préciosité de la matière dépourvue de présence divine. Les représentations démontrent l’absence du divin ou l’intervention d’une présence autre : les démons animent ces images, tout en marquant une différence fondamentale avec les images-corps chrétiennes. Ces dernières, même dans le cas où elles sont animées par une instance divine extérieure, acquièrent une dimension charnelle exprimée les attributs d’un corps véritable. Le surcroît de réalité accordé à ces dernières est dénié aux idoles, que l’on désigne souvent par le terme de simulacre. Ce sont des images « fausses » puisque faisant signe vers un prototype qui n’existe pas.