La maison de Dieu comme temple consacré

Motif iconographique

L’église miniature placée au centre du linteau se présente comme la version synthétique d’un sanctuaire, elle est résumée à son clocher, à ses maçonneries en appareil de pierres de taille, parfaitement rendues, à l’autel que cette maçonnerie enveloppe et à la lampe qui le surmonte pour signaler la présence du corps eucharistique du Christ. Dans sa forme la plus simple, ce temple se montre dans son sens profond, c’est-à-dire comme un assemblage de pierres autour d’une pierre centrale, l’autel, de manière analogue aux chrétiens qui sont réunis autour de leur pierre angulaire –
le Christ – pour construire un édifice mystique – l’Église du Christ— par leur participation aux sacrements.

Cette église sert de point d’articulation aux épisodes évangéliques disposés autour, de droite à gauche, le Baptême du Christ, la Présentation au Temple et la venue des Mages. Sur le montant droit de l’édicule, la Vierge offre son premier né au Temple. L’église miniature se substitue alors au Temple de Jérusalem, à son mur s’adosse le prêtre Siméon qui reçoit l’Enfant et reconnaît en lui la promesse d’une Nouvelle Alliance. Le Baptême, sur la droite, est le legs sacramentel que le Christ fait à son peuple pour sceller la Nouvelle Alliance et construire son peuple nouveau. Enfin, sur la gauche, ce sont les Rois mages qui, venus d’Orient (Mt 2, 1-12), apportent leurs présents pour rendre hommage à Dieu qu’ils reconnaissent en l’Enfant, et signifier, par ces présents, leur conversion du paganisme à la nouvelle religion. Devant les Mages, c’est cette fois la Vierge à l’Enfant en majesté qui flanque l’un des murs de l’église. C’est elle, en tant que Vierge Mère de Dieu, qui constitue la porte de l’édifice sur lequel elle reporte sa sacralité et vers lequel les trois Rois se dirigent in fine.

L’ensemble s’articule visuellement autour de l’église miniature en adéquation avec sa fonction sacramentelle et, surtout, eucharistique (comme le signalent fortement l’autel et sa lampe). L’offrande de l’Enfant par la Vierge au Temple annonce son sacrifice sur la croix qui détruira le Temple et le restaurera en Royaume du Père ; les Mages venant offrir leurs présents annoncent l’offrande de la communauté à l’église pour qu’elle soit validée sur l’autel par le sacrement eucharistique. Cette fonction sacramentelle fait du petit monument, nouveau temple consacré, une porte vers le Ciel ouvrant vers le Christ en gloire du Tympan, comme la Vierge est une porte vers le monument et l’Eglise-Assemblée qu’il représente.


Rédaction

Mathieu Beaud / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Mathieu Beaud / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « La maison de Dieu comme temple consacré » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 01 mai 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/1333