Signes qualitatifs
Thématique iconographique
La société médiévale, d’oralité seconde, est organisée par des rituels et par des déclarations et gestes publics qu’accompagnent, avant la fin de la période du moins, des validations textuelles dont la fonction est d’attester et de faire mémoire plus que d’instituer juridiquement. Cette centralité de la parole et du rituel est déclinée dans un périmètre social où chaque individu est lisible en termes de pouvoir, de fonction, mais aussi de qualité morale et spirituelle. On retrouve cet encodage dans les représentations, où vêtements, attributs, insignes, gestes et traits physiques sont porteurs d’informations. En contexte chrétien, la catégorie de signes la plus valorisée est celle de l’élection, car elle dit la proximité avec le divin et l’acceptation de la place assignée par Dieu (Les signes d’élection). La centralité de la parole et de l’apparence expose la société chrétienne au risque de l’hypocrisie, du mensonge, de la séduction fallacieuse, autant d’expressions du Mal qui menacent la lisibilité, et donc l’équilibre des communautés (Les signes trompeurs du Mal). Prolongeant ce risque d’illusion qui est à la source même du péché originel, et que l’on retrouve aussi bien dans la dénonciation christique des Pharisiens hypocrites que dans les descriptions des formes que prend le Diable dans le livre de l’Apocalypse, les théologiens ne cessent d’affirmer que la vérité du chrétien se trouve à l’intérieur de lui, dans ses intentions qui garantissent le point de départ du geste ou du mot, et non dans les apparences (Le geste comme signe d’intention). La vérité de l’âme peut aussi transparaître dans les corps, et l’apparence corporelle, regardée au prisme de l’héritage de la physiognomonie antique, rendre compte de la qualité spirituelle des êtres (L’apparence corporelle comme manifestation de l’âme).