Église chemin du salut

Motif iconographique

Pour permettre au spectateur de ne pas se perdre dans la complexité de l’image, le peintre a créé un chemin visuel qui fait serpenter le regard de la gauche du registre inférieur de l’image jusqu’à la gauche du registre médian. La fresque est couronnée en son sommet par le Christ en gloire tenant en main le livre de la Parole de Dieu et les clés du Paradis. Sous ses pieds, l’Agneau de Dieu est entouré des quatre Vivants de l’Apocalypse. On observe une superposition du chemin visuel et du chemin spirituel : la route que suit le regard pour arriver à la contemplation du Christ glorifié est celle que doit emprunter le croyant pour obtenir le salut.

Ce chemin est largement balisé par l’Église. Il commence en bas à gauche avec la représentation de l’Église temporelle, gouvernée par le pape présenté trônant et coiffé de la tiare, attribut de sa fonction. Il est accompagné de princes de l’Église et du monde, un cardinal, un évêque, un empereur et un roi. Les religieuses, religieux, moines et moniales se tiennent à droite du pape : ils ont déjà choisi une voie qui leur permettra d’accéder plus facilement au salut. Les laïcs, eux, figurent à gauche et leur chemin sera plus difficile. Ils sont encadrés par les chiens blancs et noirs symbolisant les dominicains qui se définissaient eux-mêmes comme « chiens du Seigneur ». En bas à droite, saint Dominique, saint Pierre martyr et saint Thomas d’Aquin cherchent, par leur prédication, à amener sur le droit chemin les païens et les hérétiques.

Dans la scène du dessus, de jeunes gens dansent et jouent de la musique aux pieds des personnifications des vices : on reconnaît l’Avarice à sa robe verte et la Luxure à son singe. D’autres personnages, au-dessus des vices, cueillent des fruits dans les arbres, analogie du péché. Pour les ramener sur la bonne route, l’Église, par l’intermédiaire d’un prêtre dominicain, leur donne le sacrement de la confession qui permet de rejoindre la cohorte des élus. Ceux-ci courent vers la porte du Paradis gardée par saint Pierre où deux anges les couronnent. Ils peuvent alors se joindre à l’assemblée des saints qui adore le Christ victorieux.

De façon très efficace sur les plans visuel et narratif, l’artiste montre donc l’Église, par le biais du travail des dominicains, comme le chemin du salut. À la fois image apologétique de l’ordre dominicain et support de prédication, l’œuvre invite le spectateur à comprendre que c’est uniquement par la médiation de l’Église temporelle comme spirituelle qu’il pourra entrer au paradis.


Rédaction

Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « Église chemin du salut » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 01 mai 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/1162