Vie sacramentelle

Motif iconographique

La culture chrétienne reconnaît deux sacrements fondamentaux institués par le Christ de son vivant : le baptême et l’Eucharistie, itération continuelle de l’épisode de la Cène, elle-même anticipation du partage, entre les disciples, du corps sacrifié sur la croix. Le nombre des sacrements n’a cessé de varier et d’augmenter au cours du Moyen Âge, témoignage de l’intensification du contrôle spirituel et moral exercé par l’institution ecclésiale sur les fidèles. Les sept sacrements, fixés par le Concile de Lyon de 1274, sont déployés dans ce triptyque dans un espace ecclésial compris comme le lieu de déroulement de la vie humaine.

L’entrée dans le système visuel du retable est la Crucifixion historique représentée au premier plan du panneau central, à l’entrée de la nef. Cet épisode fonde la notion même de sacrement, puisque le sacrifice sur la croix est le premier acte performatif que le Christ accomplit pour sauver l’humanité. Rejoué comme sacrement au sein de l’Église, il devient Eucharistie, figurée au fond de la nef du panneau central, par un prêtre élevant l’hostie à l’autel.

Les six autres sacrements sont accomplis par des clercs, dans les deux bas-côtés qui sont figurés sur les panneaux latéraux. Chaque sacrement y est associé à un ange, figure spirituelle de messager qui rappelle que les ministres qui accomplissent les sacrements ont tous été distingués, dans leur sainteté, par une délégation apostolique échelonnée (voir Hiérarchie de l’Église et Sacerdoce ministériel). Ils signifient que Dieu intervient de manière efficace à travers l’institution ecclésiale, à chaque étape de la vie du chrétien. La première conditionne les autres dans la temporalité humaine et dans l’économie générale de la religion : il s’agit du baptême, l’entrée dans la communauté, purification du mal et réception de l’Esprit saint, futur guide de la vie chrétienne. Les cinq autres sacrements relèvent d’une déambulation qui va vers le fonds du bas-côté gauche pour remonter à l’avant du bas-côté droit, où l’on retrouve le dernier des sacrements, l’extrême onction donnée au mourant. L’ensemble de la vie du chrétien, de sa véritable naissance, qui est le baptême, jusqu’à sa mort entourée par des clercs, se déroule ainsi dans l’édifice-institution ecclésiale, matrice exclusive du Salut. En cette fin de Moyen Âge, la vie chrétienne est devenue une vie sacramentelle, la grâce divine n’étant diffusée au peuple des croyants que par la médiation des sacrements.


Rédaction

Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « Vie sacramentelle » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 01 mai 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/1151