Établissement de la relation à Dieu

Motif iconographique

Dans la panse de la lettre D, un homme portant un manteau orange est agenouillé devant un prêtre assis qui lui donne l’absolution en lui posant sa main sur la tête. Derrière lui, une femme sombrement vêtue attend pour se confesser, la main sur le cœur en signe de contrition. La scène a lieu dans une église, au pied d’un Christ en croix qui constitue un axe vertical de grande importance. En effet, si la pénitente se tient encore à la gauche du Christ, du côté des pécheurs, le chrétien qui reçoit l’absolution s’apprête à passer du côté du prêtre, à la droite du Christ, c’est-à-dire du côté des élus, ce dont témoigne peut-être la clarté lumineuse de son vêtement.

La possibilité de ce changement d’état est clairement liée au geste du prêtre, qui a agi au nom du Christ, par sa grâce et selon une Loi divine dont la croix du sacrifice précise l’origine et les conséquences. Le prêtre médiateur n’est donc pas uniquement un acteur du pardon opéré par le Christ ; il est aussi le clerc qui, par sa position dans l’église, a conduit le pécheur à se placer au pied de la croix, c’est-à-dire à connaître la Loi de Dieu. En d’autres termes, l’église comme institution permet aux pécheurs de se placer au bon endroit, dans la bonne disposition physique et spirituelle à partir de laquelle il devient possible de s’adresser au Christ et d’être entendu de lui. L’Église instituée s’affirme, en cette fin de Moyen Âge, très cléricalisée, comme l’unique cadre permettant d’établir un lien avec Dieu.

Le jeu des regards matérialise cette mise en relation spatiale du pénitent avec le Christ par l’intermédiaire du prêtre : le Christ regarde le confesseur, lui délégant son pouvoir de remettre les péchés ; le confesseur regarde le pécheur qu’il est en train d’absoudre au nom du Christ et le pécheur regarde dans le vide, ou plutôt, pose son regard intérieur sur lui-même. Sa tête est inclinée selon le même angle que celle du Christ et leurs visages arborent des expressions similaires : le Salut passe par l’imitation d’un Christ que l’Église a permis de connaître. La pénitente est exclue de ce jeu de regards : reléguée à la gauche du Christ, elle ne se tient pas encore au bon endroit et doit attendre la mise en relation avec le Christ-Rédempteur que lui permettra le confesseur.


Rédaction

Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « Établissement de la relation à Dieu » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 01 mai 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/1148