Médiation christique comme révélation historique

Thématique iconographique

Le processus de médiation dont dépend le Salut de l’humanité après sa chute se met progressivement en place dans l’histoire sainte, des propositions d’alliance vétérotestamentaires jusqu’à l’incarnation du Christ, unique médiateur de la nouvelle religion selon la christologie paulinienne (1 Tm 2, 5). Homme et Dieu, le Christ est en effet le seul à pouvoir lier le ciel et la terre, rétablir le lien perdu entre l’humanité et son Créateur. Selon le récit biblique, et jusqu’aux récits hagiographiques et miraculeux du Moyen Âge, Dieu use de toutes sortes de figures à travers le temps, qui sont autant d’annonces, de préfigurations, explicitation de la médiation parfaite du Christ.

Tant dans l’Ancien que le Nouveau Testament, la figure la plus récurrente est sans doute celle de l’ange. Être spirituel en parfaite union et communion avec le divin, l’ange est le messager de Dieu par excellence. En grec, angelos signifie d’ailleurs messager. Il est celui qui transmet aux individus la volonté et les messages de Dieu, à la différence des prophètes s’adressant à l’ensemble du peuple. La présence d’anges dans toute l’histoire de la révélation en fait des acteurs privilégiés de la médiation entre ciel et terre (Messager céleste).

Sous le régime de l’Ancienne Alliance, les patriarches, les prophètes et les rois sont investis de l’Esprit et ils permettent au peuple de rester en contact avec Dieu. Leur action médiatrice se place au sein du peuple hébreu, lieu de la relation. Pour le christianisme médiéval, construit sur les correspondances entre les deux testaments et polarisé sur la figure du Christ à partir de l’époque carolingienne, tous ces personnages annoncent, chacun avec leur singularité, l’un ou plusieurs aspects de la médiation du Christ qui se fera, elle, totale et pour l’ensemble de l’humanité (Intermédiaire vétérotestamentaire).

Au cœur du système typologique de la Bible, comme au cœur de l’économie chrétienne, se tient le sacrifice du Christ, homme et Dieu, sur la croix. C’est par ce sacrifice suivi d’une résurrection que se restaure le lien rompu entre Dieu et les hommes : Dieu descend dans un corps humain pour aller chercher l’humanité au plus profond de sa déchéance ; il montre son amour de l’humanité en acceptant de souffrir et de mourir pour elle ; il ressuscite et met en œuvre une Nouvelle Alliance fondée sur la promesse d’une vie supérieure dont la mort est évacuée. Les sacrifices d’Abel, Melchisédech et surtout Isaac sont autant de préfigurations annonçant la mort du Christ pour le salut de l’humanité (Préfiguration du sacrifice du Christ).

Après l’incarnation, la résurrection du Christ et son retour auprès de Dieu (Ac 1, 6-11), la médiation christique se déploie dans l’histoire chrétienne. Le Christ a donné l’Esprit saint aux apôtres lors de la Pentecôte (Ac 2, 1-4) et forts de ce soutien, ces derniers peuvent annoncer la Bonne nouvelle « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8) et transmettre ce don par le biais du baptême.  Le don de l’Esprit saint garantit ainsi le message annoncé par les apôtres et fonde la succession apostolique (Témoignage apostolique).

C’est cette succession apostolique qui permet à l’Église de se déployer et d’être, elle aussi, un moyen d’accès au salut : tant dans sa temporalité que sa spiritualité, elle est la dépositrice de tous les dispositifs nécessaires au croyant pour accéder à la vie éternelle – la parole de Dieu dans sa juste interprétation et les sacrements (Église chemin du salut).


Rédaction

Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « Médiation christique comme révélation historique » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 01 mai 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/1141