Temps de la Nature

Thématique iconographique

La Création est affectée par l’action du temps qui a été créé en même temps que tous les autres éléments. Lui même créature, il en constitue l’un des principes ordonnateurs fondamentaux, celui d’une expansion infinie de la vie (Nature au Paradis). Son format d’éternité est celui de la circularité, dont témoigne, seule expression sensible pour la raison humaine, le mouvement des corps célestes supra lunaires. C’est cette circularité qui imposera au temps terrestre son format de cyclicité.

Le temps continue en effet d’agir sur la terre après la Chute, mais comme expression d’une Loi naturelle qui impose un nouveau mode de vitalité au monde sublunaire. La Chute, qui est une séparation de la matière et de son principe de vitalisation éternelle (incarné par l’Arbre de vie paradisiaque), introduit la possibilité de la dégradation et de la mort, dont le temps se fait la nouvelle mesure. Dans ce monde non paradisiaque, un cycle de vie, de mort et de régénération se met en place. La sagesse sous-jacente à cet ordre se mesure à la régularité des rythmes qui régissent l’alternance des phénomènes naturels : « Tant que la terre subsistera, les semailles et la moisson, le froid et la chaleur, l'été et l'hiver, le jour et la nuit ne cesseront point » (Gn 8, 22). Le passage du temps est ainsi lié à l’accomplissement de la loi de croissance, une bénédiction de Dieu par expansion de la vie. Cette loi suppose un équilibre entre les éléments, qui résulte de l’action des corps célestes et de la combinaison des humeurs, et qui évolue au cours de l’année en fonction de l’ascendant que prend tour à tour chacun de ces éléments La continuité qui existe entre la nature et les êtres humains fait que, si toutes les créatures sont affectées, les êtres humains, tant dans leurs états physiques que spirituels, sont particulièrement touchés par ces mutations (Hildegarde).

Ce mode d’existence ordonné mais dégradé concerne aussi bien les humains que l’ensemble des êtres vivants, tous étroitement associés aux rythmes vitaux, dans une loi de génération cyclique. Elle inscrit le principe vital dans la chair, sexualise la fécondité, lie l’accroissement de la vie à l’engendrement de générations successives, et la soumet à une dépendance nouvelle à la nourriture et à la protection, car les corps sont vulnérables et périssables (Entrée dans la loi de la Nature).  L’humain avance toutefois dans le temps régi par la loi naturelle vers la promesse d’un retour d’une vie dans l’éternité paradisiaque.


Rédaction

Nicolas Varaine / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Nicolas Varaine / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « Temps de la Nature » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 01 mai 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/1039