Pouvoir divin comme règne céleste

Thématique iconographique

L'idée de la présence d'un dieu régnant dans le ciel appartient à une longue tradition orientale et gréco-romaine. Le christianisme abolit dans une certaine mesure la frontière dressée par ces traditions entre le monde des dieux — le ciel — et le monde des hommes, et ce autant par l’Incarnation (Dieu s’étant fait homme) que par l’accession des âmes humaines au royaume de Dieu, également appelé « Royaume des cieux ». Ce royaume se déploie à la manière d'une cour autour du trône de Dieu (Ap 4, 1-11 ; Ez 1, 26 ; Dn 7, 13). C’est un lieu de lumière, immuable ; un monde sans mort, sans peine, sans souillure ni ténèbres.

Le royaume des cieux entretient avec le monde terrestre une relation transcendante : lieu réservé aux substances glorieuses, il est inaccessible au corps de chair ; seules la mort ou la grâce permettent de l’atteindre (voir Salut par l’extraction du monde). Ainsi est-il promis à tous les élus après la mort. Établi dans les cieux pour l’éternité, il doit advenir sur terre avec la Parousie du Christ (horizon eschatologique). Dans l’attente de cet événement, le Christ y règne, se tenant à la droite de Dieu selon Ac 2, 30-35. Toutefois, les images médiévales n’adoptent pas cette forme du règne céleste : elles représentent généralement le Christ trônant seul au milieu de sa cour. Parmi les membres de cette cour, on trouve la hiérarchie angélique, ainsi que les élus : les apôtres, les Justes de l’Ancien Testament (patriarches, prophètes), les saints et les bienheureux. À partir du xiie siècle, la Vierge est élevée au rang de reine du ciel et peut dès lors trôner au côté de son fils.

La nature céleste du royaume de Dieu s’exprime également par le rôle des astres, qui sont des serviteurs de Dieu. Ils rendent manifeste aux hommes la providence divine à des moments charnières de l'histoire du Salut : l’étoile de Bethléem annonce la naissance du Christ, une éclipse survient lors de la Crucifixion.

Il existe naturellement des rapports étroits entre règne céleste et règne terrestre (voir Royauté terrestre). La représentation du royaume céleste dérive de l’iconographie du pouvoir royal et en reflète l’idée de suprématie. Ainsi certains insignes, comme la sphère surmontée d'une croix, qui symbolise le pouvoir sur le monde, peuvent être tenus par Dieu aussi bien que par un roi terrestre.


Rédaction

Marjolaine Massé / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Marjolaine Massé / Direction scientifique : Sébastien Biay, Isabelle Marchesin, « Pouvoir divin comme règne céleste » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 06 mai 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/36