Messager céleste

Motif iconographique

De nombreuses représentations de l’Annonciation insistent, assez logiquement, sur le moment de l’Incarnation. La fresque d’Andrea di Nerio et de Spinello Aretino s’intéresse, pour sa part, à l’instant qui le précède, c’est-à-dire au message et au messager.

Les yeux légèrement baissés, mais la tête légèrement inclinée vers l’avant, la Vierge reçoit bien la salutation de l’ange Gabriel mais, comme le montrent vraisemblablement ses bras croisés qui remontent son grand manteau contre son ventre, elle ne s’est pas encore ouverte à la volonté de Dieu. En fait, l’ange vient juste d’arriver devant la domuncula de la Vierge : ses pieds sont décollés du sol, ses ailes et le vêtement qu’il porte sont en mouvement. Il vient du ciel, comme en témoignent les rayons dorés qui l’entourent. Cette provenance céleste est confirmée par une scène figurée juste au-dessus de lui. Reconnaissable à son manteau rose et à ses ailes colorées, Gabriel y apparaît une seconde fois agenouillé devant la divinité entourée de séraphins rouges qui constituent sa mandorle et son trône. Détaché de cette présence et de cette participation au divin, Gabriel se tient devant la Vierge dans une position strictement identique à celle qu’il adoptera devant la Vierge : il est une émanation de Dieu présente à la fois au ciel et sur terre. Cette conformité de l’ange dans les deux mondes fait de lui un médiateur sans identité et sans volonté propre : il est envoyé sur terre pour annoncer à la Vierge qu’elle a été choisie par Dieu pour engendrer son fils, et son unique mission est de transformer la volonté divine, inconnaissable en elle-même, en vérité divine connaissable des humains. Selon l’Évangile de Luc, cette volonté est formulée en paroles (Lc 1, 26-35).

Cette parole est matérialisée par un objet qui passe de la sphère céleste à la sphère terrestre : la palme que Gabriel tient en main, et qui lui a été remise par Dieu dans la scène supérieure. Elle signifie l’élection de Marie par Dieu, expression synthétique de la volonté divine explicitée par les mots prononcés par l’ange. En synthèse, la peinture certifie que ce qu’énonce le messager est bien l’expression humainement intelligible d’un énoncé divin, médiée par le langage d’une émanation intelligible de Dieu.


Rédaction

Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, Mecthilde Airiau / Direction scientifique : Isabelle Marchesin, Mathieu Beaud, « Messager céleste » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 19 mai 2024, https://omci.inha.fr/s/ocmi/item/1164